Origine, expansion et manipulation des MLM et schémas pyramidaux en Afrique

Des origines américaines à l’essor africain
Les MLM (multi-level marketing) sont nés au début du XXe siècle aux États-Unis, avec des sociétés comme Nutrilite et Amway. Charles Ponzi, lui, a donné son nom au fameux schéma pyramidal en 1919, un système où l’argent des nouveaux entrants sert à rémunérer les anciens, sans véritable produit derrière. Si certains MLM ont été légalisés en mettant en avant la vente de produits, beaucoup ne font que cacher la structure pyramidale sous une façade commerciale : le système reste le même, car la majorité des revenus dépend du recrutement et non de la vente réelle.
Depuis les années 2000, ces modèles ont conquis l’Afrique, profitant d’une jeunesse nombreuse, du chômage élevé et de l’explosion des réseaux sociaux. Des entreprises internationales, venues des États-Unis ou d’Asie, ont implanté leurs réseaux sur le continent, promettant fortune et indépendance à des millions de jeunes africains.
Ponzi face à la justice : la vérité derrière le mythe
Charles Ponzi a bâti sa réputation sur des promesses de rendements spectaculaires, jusqu’à 100 % en 90 jours. Mais derrière l’illusion, il n’y avait aucune activité réelle : il utilisait simplement l’argent des nouveaux investisseurs pour payer les anciens. Lorsque la vérité a éclaté, Ponzi a été dénoncé dans la presse, poursuivi par des milliers de victimes et arrêté par les autorités. Il a été condamné à plusieurs peines de prison, d’abord au niveau fédéral puis au niveau de l’État, et finalement expulsé des États-Unis. Son histoire montre que ces systèmes finissent toujours par s’effondrer, laissant la majorité des participants ruinés.
« Ponzi a été condamné à cinq ans de prison, puis à sept à neuf ans supplémentaires, après avoir ruiné plus de 40 000 personnes. Son système s’est effondré dès que les nouveaux investissements n’ont plus suffi à payer les anciens. »
Pourquoi la pyramide s’effondre-t-elle ?
Le principe d’un système pyramidal repose sur le recrutement constant de nouveaux membres. Tant que de nouvelles personnes investissent, l’argent circule vers le haut de la pyramide et les premiers arrivés reçoivent des gains. Mais ce modèle est mathématiquement insoutenable : il faut toujours plus de recrues pour payer les précédents. À un moment, le vivier de nouveaux membres s’épuise, le recrutement ralentit ou s’arrête, et la pyramide s’effondre brutalement.
- Les derniers arrivés, qui forment la majorité, ne peuvent plus récupérer leur mise et perdent tout.
- Seule une petite minorité, au sommet, profite réellement du système.
- Ceux qui n’arrivent plus à recruter sont les premiers à perdre leur argent.
- Les têtes de réseau, souvent, quittent le navire avant la chute et relancent un nouveau système sous un autre nom.
En Afrique, cette mécanique se répète régulièrement : des milliers de jeunes investissent leurs économies dans l’espoir de changer de vie, mais quand la pyramide s’écroule, la plupart se retrouvent endettés, déçus et parfois isolés socialement.
Manipulation et mirages sur les réseaux sociaux
En Afrique, la manipulation dans les MLM et schémas pyramidaux prend une nouvelle dimension grâce aux réseaux sociaux : Facebook, WhatsApp, Instagram, TikTok… Les leaders et influenceurs y affichent une vie de rêve pour attirer de nouveaux membres. Mais cette image est souvent une illusion savamment orchestrée.
- Certains n’hésitent pas à louer des voitures de luxe, des villas ou des vêtements de marque juste pour réaliser des photos ou vidéos à publier, donnant l’impression d’une réussite fulgurante.
- Des stories montrent des hôtels haut de gamme, des liasses de billets ou des cadeaux hors de prix, alors qu’en réalité tout est emprunté ou mis en scène le temps d’un shooting.
- Cette stratégie vise à faire miroiter un style de vie inaccessible à la majorité, créant envie, jalousie et pression sociale chez les jeunes internautes africains.
- Le recrutement devient viral, chacun voulant imiter ce « succès », sans voir l’envers du décor : dettes, isolement, perte de confiance.
« À Lagos, j’ai vu un jeune louer une Mercedes et une suite pour tourner une vidéo TikTok. Il disait que c’était grâce à son business, mais il a tout rendu le lendemain. Beaucoup se font piéger par ces apparences. »
Un système où seuls quelques-uns gagnent vraiment
Derrière les paillettes, la réalité est implacable : dans les MLM comme dans les schémas pyramidaux, seule une infime minorité profite réellement du système. Selon plusieurs études, moins de 1 % des participants parviennent à générer des revenus significatifs, tandis que la grande majorité perd de l’argent ou se retrouve endettée[3][5].
- La structure hiérarchique en « arbre » fait que la richesse remonte toujours vers le sommet, c’est-à-dire les tout premiers à avoir rejoint ou les leaders du réseau.
- La plupart des nouveaux membres investissent dans des kits, des produits ou des formations, mais ne parviennent pas à recruter assez pour rentabiliser leur mise.
- Les « success stories » mises en avant servent à entretenir l’illusion et à motiver le recrutement, mais elles représentent une exception, pas la règle.
- En Afrique, ce phénomène accentue encore plus les inégalités, car beaucoup de jeunes investissent leurs économies dans l’espoir de changer de vie, pour finalement tout perdre.
Cette concentration de la richesse entre les mains d’un petit nombre n’est pas propre au MLM : elle reflète aussi la réalité économique du continent, où plus de 90 % des milliardaires africains vivent dans seulement cinq pays, et où la majorité de la population peine à sortir de la pauvreté.
Conseils pour ne pas tomber dans le piège
- Analyse toujours la provenance des revenus : vente réelle ou simple recrutement ?
- Ne te laisse pas impressionner par les apparences sur les réseaux : beaucoup de « succès » sont loués ou mis en scène.
- Prends conseil auprès de personnes de confiance et informe-toi sur les risques réels de ces systèmes.
Conclusion
Les MLM et schémas pyramidaux ont su s’adapter au contexte africain en exploitant la puissance des réseaux sociaux et la soif de réussite de la jeunesse. Mais derrière les images de luxe et de succès, la réalité est que seuls quelques privilégiés en profitent, tandis que la majorité s’endette ou se décourage. Reste lucide : tout ce qui brille sur Instagram ou TikTok n’est pas toujours vrai. La prudence et l’esprit critique sont tes meilleurs alliés pour ne pas tomber dans le piège.